Ces deux
thèmes me font penser à une question philosophique : L'amour peut-il
côtoyer la haine ?
Deux courants de pensée se sont affrontés pour répondre
à cette question et cela durant plusieurs générations.
Je m'en tiendrais à énoncer les principes de cette relation très
complexe entre amour et haine.
L'amour a une origine sexuelle.
S'associe à lui le désir de posséder. Insatisfait, il se
transforme en haine. Voici ce que m'a répondu une personne âgée
lorsque je lui ai parlé de l'amour et de la souffrance qui en découle
souvent.
En effet, il n'est pas rare que l'homme, au nom de l'amour, cherche à
se venger, tue l'être aimé. L'amour est loin d'être un sentiment
pur. Il a pour origine deux pulsions qui ne cessent de s'opposer.
Lorsque
nous regardons des séries policières à la télévision,
très souvent la haine conduit au crime passionnel. L'amant trompé
peut tuer celle qui l'a trahi. Cela prouve que son amour a toujours été
mêlé d'une haine latente. Gouverné, sans en avoir conscience,
par un puissant instinct sexuel, il en vient à nier l'objet de ses désirs
parce que ce dernier lui échappe. La jalousie est une passion qui exprime
très bien ce lien étroit entre amour et haine.
A ce propos, Alain écrira dans Propos " ... Il y a de l'amour dans
la haine ; d'où l'on voit que les maux humains dépassent tout
excès. Prenons donc garde à l'homme. "
Ainsi, tout homme a en lui-même cette pulsion qui l'amène à
commettre des actes ou à émettre des paroles parfois insensées
et qu'il peut regretter par la suite. C'est pourquoi Alain nous met en garde
face à l'homme qui est selon Hobbes " un loup pour lui-même
".
Freud, à propos de
l'amour, a parlé d'ambivalence de la pulsion. Le couple amour/haine caractérise
la relation amoureuse. A la fois on aime un être et à la fois on
lui en veut inconsciemment de nous contraindre à tant dépendre
de lui. D'où le fait que l'on puisse aimer faire souffrir celui à
qui pourtant l'on tient par-dessus tout.
Bien que n'étant
jamais parvenu à définitivement conceptualiser ce point, Freud
a cru nécessaire d'opposer à la libido (il s'agit d'une pulsion
de vie qui nous conduit à nous préserver et à aimer l'autre)
la " destrudo ", qui serait une pulsion de mort rendant compte de
bien des phénomènes affectifs dont l'étrangeté est
de mêler à l'amour l'agressivité, le désir de détruire
l'être aimé.
Donc, aimer c'est vouloir posséder l'objet du désir. Cette possession
est déjà une forme de violence qui se transforme vite en haine
dès l'instant où cet objet contrarie la réalisation de
ce désir.
Ainsi, bons nombres de couples se sont rompus à cause de cette bombe
amour/haine. Ma courte expérience me l'a montré. Il arrive parfois
que deux êtres s'aiment à tel point que l'un s'efface face à
l'égocentrisme de l'un et que l'autre profite de cette absence de charisme.
Le résultat est une douleur pour l'un et une création de liberté
illimitée pour l'autre.
Donc, faire souffrir l'autre
n'est sans doute pas une volonté propre à l'individu mais plutôt
une conséquence due au manque de recul face à la vie. Quand on
est jeune, on se soucie peu de l'autre. On se glisse dans un moule idéalisé
qui est le couple mais à l'intérieur de ce couple, les acteurs
sont distancés par l'envie de liberté.
Pour être plus clair, quand on est jeune, on veut faire comme la plupart,
à savoir créer son pseudo-couple, jusqu'à en pousser le
vice de paraître comme étant le couple idéal. Mais très
souvent, les deux parties se cherchent, tentent de comprendre leur situation
et l'instinct animal qui nous envahit nous pousse à chercher ailleurs.
On s'imagine trop souvent que c'est toujours mieux ailleurs alors que l'être
avec qui on partageait un bout de vie sera considéré plus tard
comme la perle rare qui nous a échappé.
Mon conseil pour conclure
sur ce sujet très vaste est le suivant. Si vous vous apercevez que votre
moitié vous fait souffrir par son comportement égoïste, ses
paroles trop souvent crues et qu'il ne tient pas vraiment compte de vous, alors
discutez-en avec lui, avec vos amis afin de trouver des réponses et parfois
de vous remettre sur les rails de la réalité. Ne pensez pas qu'à
20 ans vous avez tout connu et que votre couple sera aussi solide que celui
de vos grands-parents. De nos jours, nous avons tous envie d'essayer sans engagement.
L'environnement dans lequel nous vivons nous pousse à choisir cet état
d'esprit. Ne vous enfermez donc pas dans un idéalisme et surtout communiquez,
c'est essentiel aujourd'hui.
Sebastien
Article original sur http://gxist.com/rep10.php
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