Telles des étraves vous m'avez traversé, Parées de voilures hauturières et racées, Libérant les bulles de mes eaux voraces, Qui jaillissaient au soleil de la surface. Qu'il faisait beau à chacun de vos passages! Et l'écume parfumée de vos sillage, Avaient le goût salé de nos aventures, Que le gros temps a changé en écritures. Votre houle a débordé mon rivage, Point d'ouragans, mais de si doux orages. Certes, éperonné par quelque marine D'eau douce, une couleuvre vipérine, J'ai plongé sous la glace de sa banquise… J'étais bon nageur, je sauvai ma valise. Suivit le point sur ma dérive, sans délai. Je tempérai mes désirs d'horizons parfaits. Tempêtes et alizés sur la rose des vents, Font grandir les petits mousses, évidemment. Adieu donc, tracez vos routes au petit bonheur Et moi sur mon petit canot je demeure, Bercé en doux roulis de vos ondes heureuses, La fuite de vos coques miraculeuses. Trouverez vous port d'attache confortable ? A défaut une jolie crique abordable? Serez vous par malheur, naufragées corps et biens ? Sans une lettre, sans que je n'en sache rien ? Vous vous êtes délestées de vos babioles, Lettres, photos, mélodies, tous ces symboles Souvent choisis à deux. c'est mon livre de bord: J'ai le mal de mer, face à ces petits trésors, Le doux mal de vous qui coule sur mes lèvres. Larmes salées au souvenir de nos fièvres. J'aime à penser que l'océan de mon visage, A gardé les empreintes de vos sillages… Un jour, plein ouest dans mon canot je ramerai Vers Gwennva, vers mon dernier voyage j'irai, En laissant mon sillage dans les souvenirs De ma descendance, et je pourrai dormir… En rêvant de vous retrouver...
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